Cinq ans après le terrible incendie, la Cathédrale Notre-Dame de Paris a rouvert ses portes

Cette année, le 8 décembre tombant un dimanche, la fête liturgique de l’Immaculée Conception sera exceptionnellement reportée au lundi 9 décembre. Cela dit, ce 8 décembre 2024 ne manquera pas de raison de nous réjouir ! Cinq ans après le terrible incendie, la Cathédrale Notre-Dame de Paris rouvrira ses portes. Un événement d’envergure internationale. Ce sera l’occasion de rendre hommage à tous ceux qui ont participé à sa reconstruction et, pour nous, chrétiens, un moment privilégié pour témoigner de notre foi. Bien plus qu’un édifice, Notre-Dame est le symbole de l’implantation de la foi en Dieu-Trinité sur cette terre d’Île-de-France, profondément enracinée dans l’histoire de Paris.

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Dans cette perspective, le 15 novembre dernier, La Vierge au pilier, vénérée depuis deux siècles sous le nom de « Notre-Dame de Paris », a fait son grand retour dans sa cathédrale.

Gracieuse et imposante à la fois. Jeune mère, mais aussi reine. La Vierge à l’Enfant de Notre-Dame de Paris, chère au cœur de générations de pèlerins et de fidèles, incarne la quintessence de l’art gothique, tant par son style que par les émotions qu’elle suscite. Son expression varie subtilement selon l’angle de vue : depuis la droite, elle arbore le sourire timide d’une jeune mère ; de face ou depuis la gauche, ce sourire se teinte d’une douleur prémonitoire, annonçant la Passion à venir de son enfant.

 

Combien de conversions ont eu lieu dans cette cathédrale ? Nul ne le sait. Mais l’une d’elles est entrée dans l’histoire : celle de Paul Claudel, le 25 décembre 1886. Ce jour-là, âgé de 18 ans, il pénétra par hasard dans l’édifice et, appuyé au pilier faisant face à la statue, il écoutait les vêpres de Noël. « C’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et je crus », écrira-t-il. Cette conversion marquante inspira au poète le magnifique poème La Vierge à midi, que je ne peux m’empêcher de partager avec vous.

 

« Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête. Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu’on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final
Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme, l’Éden de l’ancienne tendresse oubliée.
Dont le regard trouve le cœur tout à fait et fait jaillir les larmes accumulées.
Parce que vous m’avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France.
Parce qu’elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense.
Parce qu’à l’heure où tout craquait, c’est alors que vous êtes intervenue.
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus.
Parce qu’il est midi, parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui.
Parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que
vous êtes Marie, simplement parce que vous existez
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée  ! »

Paul Claudel (1868-1955)